La Passion de Mel Gibson

> Crucifixion

Il est faux de prétendre comme on l'a soutenu à l'occasion de la sortie du film sur la Passion que le crucifixion est un supplice inventé par les Romains.

En fait, il était d'usage courant chez les Phéniciens, qui l'introduisirent en Afrique quand ils fondèrent Carthage. Les Carthaginois en firent leur mode d'exécution le plus fréquent. Il ne fut adopté en Italie qu'à la suite des guerres puniques. C'était un supplice infamant réservé aux esclaves et aux rebelles. Il fut employé sur une grande échelle lors des guerres serviles (contre les esclaves révoltés) dont la plus célèbre fut dirigée contre Spartacus. Des milliers de croix furent alors érigées sur les routes d'Italie pour servir d'exemple (71 avant Jésus-Christ). Par la suite, les Romains utilisèrent la crucifixion pour mater les diverses révoltes qui ensanglantèrent la Palestine sous l'occupation romaine.

> Quelques réactions au film de Mel Gibson

Unanimité contre le film à l'émission de France-Inter Le Masque et la Plume, l'un des critiques de cinéma allant jusqu'à évoquer ”la Passion d'Oberamergau sous les nazis” (l'inculture progresse !) ; l'animateur Jérôme Garcin a dû reconnaître qu'il avait reçu des centaines de lettres de protestation contre cette émission.

Ouest-France s'est soudain démarqué de l'église officielle, sous la plume de son directeur F.-R. Hutin, le 9 avril : ”Il ne s'agit pas d'antisémitisme, mais du mystère du Mal qui est en l'homme”. Le camouflet le plus sévère infligé au P. Valadier et à Mgr Lustiger aura cependant été l'article du philosophe René Girard dans Le Figaro-Magazine du 27 mars. Il parle de ”la crise de nerfs qui a plus ou moins contaminé l'univers entier” à la suite d'une campagne des médias new-yorkais contre le film : ”La thèse de l'antisémitisme a peu à peu perdu du terrain, mais les adversaires du film se sont regroupés autour d'un second grief, la violence excessive... Tirer de la nudité et de la rapidité du texte évangélique un argument contre le réalisme de Mel Gibson, c'est escamoter l'histoire. C'est ne pas voir que, au Ier siècle, la description réaliste au sens moderne ne pouvait pas être pratiquée, car elle n'était pas encore inventée. (...) Gibson dit s'être inspiré du Caravage. Il faut songer aussi aux crucifixions espagnoles, à un Jérôme Bosch, à tous les Christ aux outrages. (...) L'attitude qui consiste non pas à pudiquement dissimuler, mais au contraire à révéler la violence est audacieuse. C'est l'attitude du Livre de Job et c'est l'attitude des Evangiles”.

Pour des opinions plus mitigées ou nuancées sur le film chez des catholiques traditionnels, voir Aletheia nĄ 56 (16, rue du Berry, 36250 Niherne) et Ecrits de Paris de mai (1, rue d'Hauteville, 75010 Paris). Ces publications adressent un spécimen sur demande.

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